"Ce qui m'a plu, c'est réussir là où il n'y a pas de femmes."
Karine, de la décoration à la soudure
C’est une reconversion totale qui a amené Karine Gornet à devenir soudeuse spécialisée, une profession où elle s’épanouit depuis 17 ans. Elle vient de passer leader chef d’équipe.
Formée à l’école hôtelière de Gérardmer, Karine Gornet a d’abord travaillé comme serveuse au Luxembourg, puis en France. « C’était compliqué, je manquais d’expérience, je faisais beaucoup d’heures et j’étais mal payée. » Devenue vendeuse, elle est embauchée dans un magasin de luminaires, où elle évolue en tant que manager, jusqu’à ce qu’elle perde son emploi suite à la décision du propriétaire de céder son affaire. Pôle Emploi lui présente les possibilités de reconversion via une formation à l’AFPA, dont celle de soudeuse. « Je ne savais même pas ce qu’était une meuleuse, ni la soudure ! Je venais d’un magasin de déco où j’allais travailler en BCBG et en petits talons. A l’AFPA, c’était compliqué car j’étais la seule femme et il n’y avait même pas de vestiaire pour les femmes. Mais je me suis dit deux choses : d’une, si ça ne me plait pas au bout d’une semaine, je me dirige vers une autre formation ; et de deux, si je continue, je sortirai première ! » Six mois plus tard, Karine Gornet sort première de sa formation.
Elle trouve tout de suite un poste à chez Fives Cryo à Golbey, qui fabrique des échangeurs de chaleur en aluminium brasé pour l’industrie de l’énergie. C’était il y a 17 ans. « Ce qui m’a plu, c’est réussir là où il n’y a pas de femmes. Nous ne sommes que deux dans une équipe d’une centaine de soudeurs. Au début, j’ai eu droit à quelques remarques ou blagues sur les femmes en cuisine de la part de l’ancienne génération ; mais ça va, j’ai de la répartie ! » Elle aime l’ambiance dans l’atelier où elle a parfaitement trouvé sa place. Sa spécialité, « apporter du métal sur une matrice », réclame « beaucoup de précision, de finesse et d’endurance », car il faut « meuler, taper, porter des charges et supporter un équipement de protection épais et lourd, ainsi que la chaleur de l’atelier ». Un métier assez physique, qui lui plaît toujours. Karine Gornet vient d’ailleurs de se voir confier davantage de responsabilités et supervise aujourd’hui cinq personnes.