Assemblée Générale de l’UIMM Lorraine – Rapport moral du Président.
Chers amis,
Lorsque j’ai commencé à préparer cette intervention je me suis rendu compte qu’en dehors des chiffres qui ne sont pas strictement identiques, j’allais vous redire la même chose, ou à peu près, que l’année dernière. Le concept en lui-même n’est pour moi guère attrayant. Mais avant de l’abandonner je voudrais saluer trois actions.
Tout d’abord le remarquable travail réalisé par toutes nos équipes au service de nos adhérents. Tant humain que technique vous avez su apporter un véritable accompagnement dans des moments que je qualifierais de périlleux tant ils ont bousculé les femmes et les hommes, comme les entreprises. Bravo pour ce que vous avez fait, bravo pour avoir tenu.
Ensuite l’attitude de nos adhérents qui nous ont clairement exprimé leur reconnaissance pour ce travail. Ce n’est pas dans le monde syndical si courant et cela montre que cette cohésion porte en elle de véritables valeurs.
Enfin le travail remarquable du conseil d’administration et du Bureau qui ont su tenir le cap…. et les chiffres, pour vous présenter ce bilan que je qualifierais de très bon étant donné les circonstances. Voilà pour le passé.
Et si nous parlions maintenant du futur !
je sais, ce n’est pas très à la mode à moins de le décrire comme très noir ou structurellement différent de notre présent. Et bien je ne suis adepte ni de la noirceur ni d’une économie et d’une société bouleversée.
Par contre nous devons regarder les faits qui se sont imposés à nous et en tirer les leçons. Nous avons devant nous trois voies.
La première : Une forme de « révolution », le monde ne sera plus jamais comme avant, tout doit changer si nous voulons être sauvés et il faut de la décroissance.
La deuxième : Notre monde est fini, nous avons échoué, la nature qui nous punit est la plus forte.
Et enfin la troisième : tirons les leçons de cette terrible crise pour en ressortir « meilleurs » dans tous les sens du terme.
La troisième possibilité est la seule qui corresponde à notre ADN d’entrepreneur.
Les deux autres ne sont en réalité que le jus issu d’un bol de mixer dans lequel on aurait introduit des fake news, une bonne dose d’idéologie dogmatique, un zeste de sectarisme sans oublier une larme d’intérêt électoral.
Par contre il serait presque criminel, de ne pas tirer les leçons de ce qui vient de se passer, de ce qui se passe encore aujourd’hui.
Il y a un an l’UIMM Lorraine et moi-même proposions une Charte du rebond qui fut largement reprise dans les modèles économiques de nombreuses structures y compris par la Grande Région. C’est très bien, mais ce n’est pas suffisant. Je vous propose que nous portions aussi dans nos discours, dans nos actions, 6 axes essentiels pour notre industrie qui est la colonne vertébrale économique et sociale de notre région et de porter aussi une idée qui colore qui imprègne notre action. Commençons par celle-ci.
L’écologie rentable. J’ai déjà associé ces deux mots, ces deux idées car ils créent un concept rare et pourtant essentiel. L’écologie est une nécessité mais elle ne sera efficace que lorsqu’elle s’appuiera sur la réalité de la science, de la recherche, de l’économie et de la sociologie. Ainsi c’est très probablement grâce au monde industriel que l’écologie sortira du dogmatisme, de l’idéologique, de l’incantatoire pour devenir tangible. Pour cela elle doit devenir économiquement rentable.
Certes le chemin est simple à exprimer et long et compliqué à réaliser. Il faut que nous chefs d’entreprises cherchions tout ce qui peut être fait d’écologique qui soit productif pour notre entreprise. Peu à peu ce concept d’écologie rentable va imprégner toute notre démarche professionnelle puisqu’il sera…rentable. C’est peu pensez-vous ? Je ne le pense pas et je ne suis pas certain que ce ne soit pas le plus gros effort réel qui n’ai jamais été fait pour la planète. D’autre part cela change sur le fond la posture face au concept souvent fumeux d’écologie, puisque chacun y aura intérêt au sens propre du terme. La transition écologique ne peut se faire d’une manière socialement et économiquement acceptable sans nous…et sans être une transition, c’est-à-dire le contraire d’une rupture, d’une révolution.
Passons maintenant à nos 6 axes plus proches de notre réalité habituelle.
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Le domaine économique, fiscal et social.
Soutien à la performance industrielle et donc à la compétitivité avec la baisse des coûts de production qu’ils soient locaux, régionaux ou étatiques. Cette compétitivité doit aussi s’entendre comme durable c’est-à-dire respectueuse des règles de préservation de l’environnement et innovantes en la matière.
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Le domaine financier
Les industries de la région doivent bénéficier de dispositifs leurs permettant de trouver les capitaux et les ressources financières propices à leur développement par l’innovation, la croissance externe, l’investissement productif et de recherche, l’exportation… La Région a un rôle important à jouer dans la facilitation à l’accès aux bons guichets et au soutien du déploiement de fonds patients territoriaux.
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Le domaine des compétences et de leur disponibilité.
Mettre en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences à l’échelle de bassins d’emplois et de vie. Ce sont des atouts d’attractivité, d’efficacité et de prospérité au service des territoires et de leurs habitants.
Il faut établir une convergence de l’offre de formation professionnelle et des besoins actuels et futurs de l’industrie.
L’information et l’orientation des collégiens et lycéens doivent inclure les métiers de l’industrie et leurs débouchés
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Le foncier
Il s’agit de simplifier et d’accélérer les procédures de permis de construire et d’aménagement. Nous attendons de la Région d’être en pointe à travers une expérimentation dans ce domaine en proposant des évolutions des procédures.
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Les infrastructures.
Il est essentiel d’assurer les conditions de mobilité, d’hébergement, bref tout ce qui participe de la rapidité d’accès aux marchés, à l’emploi… notamment en fluidifiant les flux de personnes et de biens dans le cadre du SRDEII (schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation) ainsi que du COT (contrat d’objectif territorial) régional
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La collaboration avec nos voisins.
Des actions concrètes et pragmatiques de collaboration des écosystèmes industriels publics et privés doivent être déployées pour faire de la Région au sens large (Grand Est, Wallonie, Luxembourg, Sarre, Rhénanie-Palatinat, Bade-Wurtemberg, canton de Bâle) un leader industriel, social et environnemental en Europe de l’Ouest.
Dans la seule Grande Région l’industrie manufacturière c’est 702000 emplois directs (la moitié des effectifs UIMM en France) et 70 Mds de chiffre d’affaires.
C’est 12% de l’industrie européenne.
Ces axes nous voulons les porter à la connaissance de la prochaine présidence de notre région.
Voilà des points essentiels pour construire notre avenir, mais je voudrais terminer en évoquant la fragilité de certains secteurs de nos approvisionnements. Nous devons y réfléchir ensemble et peut être engager une solidarité qui de toutes façons sera bénéfique voire indispensable.
Face aux activismes délateurs nous n’avons pas à baisser la tête et à avancer comme les bourgeois de Calais. Nous devons être fiers de notre contribution essentielle à la prospérité de ce pays, la prospérité d’hier, d’aujourd’hui et de demain, grâce aux solutions que nous imaginons chaque jour et au progrès que nous rendons accessible.
Président de l’UIMM Lorraine