Entretien avec Emmanuel NERKOWSKI sur l’innovation dans notre secteur.

C’est quoi innover dans l’industrie ?

La première information que je souhaite partager
s’agissant d’innovation dans l’industrie, c’est qu’elle
n’est pas uniquement technologique. Elle peut prendre
plusieurs directions ; on la retrouve dans les processus,
les méthodes ou encore même les ressources
humaines. L’innovation dans l’industrie porte donc plein
de casquettes différentes.
Ensuite, si l’innovation apporte toujours de la valeur
ajoutée, il faut oublier l’idée souvent ancrée que l’innovation
est toujours de rupture, qu’elle bouleverse
forcément le marché ou qu’elle crée de nouveaux
usages. Ce type d’innovation existe, mais le plus
souvent, elle est incrémentale, elle modifie nos
pratiques, nos usages, nos produits par petites touches
successives. Ainsi, innover, ce n’est pas seulement avoir
une super idée avec un nouveau business model et qui
va révolutionner la planète. Il y a régulièrement cependant
des innovations dans les méthodes, les process,
les équipements qui apportent des améliorations et qui
permettent de se différencier.

Également, innover ce n’est pas se lever le matin et avoir une super idée. C’est de la méthode, des outils, une stratégie, une organisation que l’on doit utiliser de manière appropriée en fonction de son besoin : brainstorning, mindmapping, méthodes agiles… il y a foison de méthodes et d’outils, mais comme tout outil, c’est l’usage et l’objectif assigné à l’outil qui fait la différence.

Lorsque l’on parle d’innovation, on doit penser création de valeur. Innover c’est apporter un changement, une nouveauté, qui apporte de la valeur ajoutée visiblement différente. Que ce soit pour le client, pour l’utilisateur de la solution, pour les équipes. Innover c’est créer de la valeur, et on le souhaite tous, innover peut permettre de sortir de la guerre des prix et avoir une position différente sur le marché.

Pour bien innover, il faut également savoir tirer profit de son écosystème. C’est important de regarder à 360°, non seulement autour des partenaires mais aussi des institutions, des laboratoires ou même des salons/rassemblements, qui nous permettent d’observer des tendances, de sentir les évolutions, les changements qui vont apporter un vrai bénéfice dans son secteur d’activité. Il faut donc avoir une cartographie de 360°de l’écosystème pour innover et avoir l’esprit ouvert à la nouveauté, c’est ce que l’on appelle la sérendipité.

Et au sein de Thyssenkrupp Presta, c’est quoi innover ?

En tant que Thyssenkrupp nous nous positionnons en terme d’innovation entre le produit et le procédé. Nous innovons par la connaissance et l’identification des stratégies pour répondre aux problématiques à court et long terme en apportant des solutions.

Pour nous innover c’est avant tout quelque chose de construit. On part des axes stratégiques du groupe, on définit les objectifs à atteindre, ensuite on ouvre des champs à l’innovation. Puis on mesure l’intérêt de chacune des idées d’innovation par rapport à des indicateurs spécifiques, comme le bénéfice par rapport à nos orientations stratégiques, leur financiabilité et enfin le risque.

Pour ThyssenKrupp Presta comme pour toute industrie, et même si nous appliquons des méthodes adaptées et éprouvées à nos projets d’innovation, lorsque nous innovons, le risque d’échec est toujours présent. Même s’il diminue avec l’avancement du projet dans notre processus, le risque est à tous les stades de l’innovation. A chaque étape passée on a une possibilité d’échec, mais plus on avance moins l’échec est grand. C’est pourquoi nous avons des étapes définies dans chaque innovation afin de vérifier que nous avons atteint les objectifs. Il y a des évaluations objectives / qualitatives et quantitatives. Si celles-ci sont validées nous passons à l’étape suivante.

Mais une chose est certaine, on gagne toujours à innover. Si le projet n’aboutit pas il y a toujours quelque chose à gagner car on apprend de tout process. On récupère de l’expérience, et cela peut permettre de rebondir sur une autre idée par exemple.

Un conseil pour innover ?

Le plus important c’est identifier une problématique et un enjeu stratégique puis d’aller chercher les champs d’innovations associés. Il ne faut pas innover puis se demander quoi faire de cette innovation, mais bien construire son questionnement stratégique, les défis à relever, et ensuite mettre en place les processus d’innovation adaptés à son projet mais aussi à ses équipes.

C’est d’ailleurs un des piliers qui a été mis en place par la Commission Performance Industrielle de l’UIMM Lorraine pour les adhérents. Chacun de nous peut bénéficier d’un 360° sur ses processus pour faciliter l’identification de ses enjeux et surtout choisir les modes opératoires adaptés. Et les équipes de l’UIMM Lorraine peuvent également accompagner chacun d’entre nous via leur connaissance de l’écosystème et faciliter les bonnes mises en relation.

Pour conclure, avec un dernier conseil, je voudrais rappeler que si un projet d’innovation est construit au service d’une stratégie, alors même si le projet ne réussit pas pleinement, il apportera toujours à la stratégie, et de cette manière, on gagne toujours et on diminue fortement les risques.

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