Euro-accélérateur : dynamique transfrontalière au service de l’industrie

Euro-accélérateur : travailler ensemble pour réussir le rebond industriel, social et environnementalde la Grande Région Sarre-Lor-Lux.

La pandémie a révélé la dépendance industrielle de nos territoires avec les marchés asiatiques et américains. Pourtant, avec 11 millions d’habitants en 2020 et un tissu très riche d’entreprises industrielles (près de 8000 rien que dans le triangle Sarre-Lorraine-Luxembourg), la Grande Région a tous les atouts pour déclencher le rebond économique.

C’est tout l’enjeu de l’Euro-Accélérateur : anticiper et accompagner les transitions du monde industriel pour mettre en synergie des compétences, des ressources et des acteurs de la Grande Région et favoriser leur transversalité autour des projets industriels transfrontaliers.

Les acteurs de l’euro-accélérateur

Les décideurs lorrains, luxembourgeois et sarrois se sont d’ores et déjà mobilisés autour de cette ambition, parmi lesquels l’UIMM Lorraine, le Conseil Régional Grand Est à travers le Commissariat d’Investissement à l’Innovation et à la Mobilisation Economique (C2IME), la CCI Grand Est, la Vice-Présidence en charge des relations transfrontalières, l’Université de Lorraine, Pôle Emploi Grand Est, Luxinnovation, la Chambre de Commerce du Luxembourg, la Fédération de l’Industrie Luxembourgeoise (FEDIL), l’Université du Luxembourg, le Ministère de l’Economie, du Travail, de l’Energie et du Transport de la Sarre, la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Sarre (IHK Saarland), la Fondation de l’Association de l’industrie métallurgique et électrique de la Sarre (ME Saar).

Coopérer pour être plus efficace

La construction d’un réseau de coopération industrielle, sociale et environnementale constituera une avancée majeure pour la Grande Région. Hervé Bauduin, Chef de file Industrie Région Grand Est, Président de l’UIMM Lorraine, et initiateur de la Charte du Rebond Industriel, annonce une construction en trois étapes : « On fait un prototype pour déterminer le processus, cela permet d’aller vite. On travaille, on ajuste, et quand ça marche, on déploie à plus grande échelle. On commence rapidement avec le Luxembourg car il y a un flux considérable entre nos deux pays. Puis très vite avec la Sarre, et enfin avec l’ensemble de la Grande Région. » L’outil d’accélération de projets industriels, qui sera déployé sous le nom d’Euro-Accélérateur, a déjà fait ses preuves sur les territoires lorrains de la Région Grand Est.

Qui est concerné ?

L’euro-réseau est dédié à des secteurs technologiques et industriels clés, communs et identitaires aux territoires de la Grande Région. Cinq secteurs ont déjà été identifiés : les secteurs de l’Automobile et du Spatial, des Matériaux et Procédés, de la Santé, du Bois et de l’Energie. De ces secteurs vont émerger des projets industriels, individuels et structurants.

L’action de l’Euro-Accélérateur sera alors de mobiliser les compétences, les ressources et les acteurs des secteurs identifiés, afin de mettre en œuvre les programmes d’accélération des projets industriels.

L’Euro-Accélérateur organisera ainsi, autour de ces projets d’entreprises, des expertises stratégiques à haute valeur ajoutée, en apportant aux entreprises une compréhension de la logique économique transfrontalière et une prospective technologique, industrielle et commerciale. Il aidera le dirigeant à identifier des sources de financements nationaux et européens, et à développer sa notoriété européenne. Le dirigeant pourra aussi bénéficier des travaux de réflexion menés par le Comité de Pilotage et d’Orientation Stratégique de l’Euro-Accélérateur. En corollaire, l’Euro-Accélérateur aura pour mission d’accompagner les entreprises sur les nouveaux marchés porteurs en mobilisant au sein de la Grande Région les programmes de qualification, de développement des compétences et de requalification.

« Grande Région » et enjeux européens

L’Euro-Accélérateur, une initiative ambitieuse en adéquation avec la stratégie industrielle de la Commission européenne

Lors du Tour de table du 22 mars 2021, portant sur les enjeux de « Faire de la Grande Région une Euro-Région leader industrielle, sociale et environnementale », en cohérence avec les objectifs des plans de relance régionaux, nationaux et européens, Nicolas Schmit, Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits Sociaux, a soutenu la mise en œuvre de l’Euro-Accélérateur en affirmant que « Cet objectif commun de redécouvrir les vertus et le caractère capital de l’industrie pour le développement économique de l’Europe est absolument crucial. »

Selon lui, « Cette initiative s’inscrit pleinement dans la nouvelle stratégie industrielle de l’Union européenne dont la coopération transfrontalière joue un rôle important pour la relance économique en Europe et pour une transition écologique et numérique prospère et équitable. Pour pouvoir saisir toutes les opportunités, l’acquisition des compétences par la formation continue et l’apprentissage est essentielle. »

Les enjeux du réseau de coopération sont doubles : réussir le rebond industriel et parier sur l’attractivité de la Grande Région. La démarche, qui concerne à la fois les entreprises et les territoires, consiste à activer les logiques de travail et de coopération en réseau, à créer des synergies public / privé et à favoriser l’éclosion de nouvelles dynamiques industrielles.

In fine !

La finalité de ce réseau de coopération est de réduire la dépendance industrielle en relocalisant la production. Pourquoi ? Parce que dans le contexte de la mondialisation, de nombreux industriels ont pris l’habitude de se fournir sur les marchés extérieurs, alors que bien souvent les ressources existent localement.

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Pour Valérie Debord, Vice-Présidente à l’Emploi et la Formation de la Région Grand Est, et Présidente de l’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi (OIE) de la Grande Région, il faut « relocaliser une part importante de notre industrie pour garantir notre indépendance et permettre aux intelligences, aux niveaux de compétences, aux salariés de s’exprimer, et aux entreprises de trouver des marchés. Les couples clients-fournisseurs doivent pouvoir se retrouver au niveau local. »

L’objectif est de pérenniser les activités et les inscrire dans les nouveaux marchés, de revitaliser les territoires en favorisant le développement et la croissance des entreprises. Un emploi industriel induisant 3 à 4 emplois, les territoires sont amenés à redynamiser et à développer leur industrie.

Soutenir l’innovation dans les entreprises représente un autre enjeu de compétitivité majeur. Cela nécessite de former de nouveaux profils pour les métiers d’aujourd’hui et de demain. Les industriels doivent pouvoir trouver sur place les compétences et la main d’oeuvre dont ils ont besoin pour se développer. Ce cercle vertueux (formations – emplois – entreprises – innovations) doit faire de la Grande Région un socle industriel incontournable dans l’espace européen.

Une région industrielle à fort potentiel, au cœur de l’Europe

Située au cœur de l’Europe, la Grande Région se caractérise par une grande diversité industrielle au sein des territoires qui la composent (Lorraine, Luxembourg, Sarre, Rhénanie-Palatinat, Wallonie et Belgique germanophone). En 2018, le secteur industriel de la Grande Région employait 767.000 salariés. L’Euro-Région se caractérise aussi par des flux importants de travailleurs frontaliers. Au Luxembourg, 66 % des salariés de l’industrie manufacturière sont des frontaliers.

grande région

Mais depuis le milieu des années 2010, la démographie de la Grande Région est en baisse constante et risque fort d’affecter l’équilibre du marché du travail dans un contexte de changement technologique. La pénurie de compétences existe déjà et ralentit la productivité. Le directeur d’ArcelorMittal Luxembourg s’inquiète : « Le plus grand problème est le manque de personnel qualifié dans le domaine technique. […] La situation commence vraiment à devenir critique. Notre métier se développe grâce à l’innovation, mais il faut les talents qui vont avec ».

Le coup d’envoi de l’Euro-Accélérateur

Le Comité de cadrage du projet pilote de l’Euro-Accélérateur industriel du 31 mai 2021 a donné le coup d’envoi en inscrivant à l’Agenda, le 22 juillet 2021 au Luxembourg, le premier Comité d’accélération probatoire de projets à dimension transfrontalière.

Pour réussir le rebond industriel et faire de la Grande Région une Euro-Région industrielle, sociale, environnementale leader, la notion de réseau est très importante. Professionnels et experts doivent bien se connaître pour travailler ensemble et fédérer les énergies transfrontalières.

« Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès,

travailler ensemble est la réussite ».

Cette citation illustre bien cette ambition : activer et structurer le réseau pour permettre aux acteurs de l’industrie, de la recherche, de la formation et de l’innovation de travailler en synergie et en complémentarité.

Principe de subsidiarité, pragmatisme et intermédiation seront les maîtres mots de l’Euro-Accélérateur pour agir au service des industriels et des territoires de la Grande Région.

Hors-série N°4 – @LaSemaine – sept 2021

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