Croire sans relâche à l’industrie en France.

Éric Trappier, président de l’UIMM, affirme que le ralentissement industriel n’est en rien une fatalité et qu’il est encore temps d’agir concrètement et sans délai.

Éric TRAPPIER, Président de l'UIMM / Crédit : Alain Jocard (AFP).
Éric TRAPPIER, Président de l’UIMM / Crédit : Alain Jocard (AFP).

16 avril 2025

Les discours sur la réindustrialisation sont unanimes ou presque. Pourtant, sur le terrain, les signaux d’alerte se multiplient. La dynamique entamée ces dernières années marque le pas, et l’industrie française, loin d’être consolidée, reste à stabiliser. C’est aujourd’hui une évidence : face à la compétition mondiale, à l’instabilité nationale et géopolitique, mais aussi aux défis croissants en matière de transition, la vulnérabilité de notre tissu industriel s’aggrave. Or, une nation qui ne peut plus s’appuyer sur une industrie puissante ne saurait être indépendante.

Ce ralentissement n’est pas une fatalité. Et il nous faut croire sans relâche en l’industrie en France. Il faut militer pour cette cause. Les freins sont connus : sur-fiscalisation du travail et de la production, normes excessives, envolée des coûts de l’énergie, manque de visibilité réglementaire, accès au foncier compliqué, déficit d’investissements en R&D, difficultés de recrutement… Et pourtant, ce sont sur ces mêmes leviers qu’il est possible d’agir immédiatement.

Pour une stratégie industrielle lisible, offensive et cohérente

Nous avons besoin d’une stratégie lisible, offensive et cohérente. Cela suppose d’abord du courage : le courage de contenir la dépense publique pour dégager des marges de manœuvre, de remettre à plat notre modèle social, d’affirmer la valeur travail, et d’assumer pleinement une politique industrielle claire. Car c’est là que résident nos véritables leviers pour peser dans la bataille internationale.

Mais cette stratégie ne tiendra que si elle s’inscrit dans la durée et dans la cohérence. Il faut maintenir une politique de l’offre, supprimer définitivement les impôts de production, préserver les outils qui fonctionnent comme le crédit d’impôt recherche (CIR) ou le soutien à l’apprentissage, garantir un volume et un prix de l’électricité compétitif pour soutenir notre production industrielle, et accélérer la simplification des implantations industrielles.

À cela s’ajoute un troisième pilier, tout aussi essentiel : la confiance. Nos entreprises sont prêtes. Elles embauchent, forment, innovent. Ce dont elles ont besoin, ce n’est pas d’un pilotage par la défiance, mais d’un accompagnement fondé sur la reconnaissance de leur engagement.

Il ne suffit plus d’être entendus, il est temps d’être écoutés

Pendant que les uns n’ont de cesse de réduire ce débat fondamental pour notre pays à un discours caricatural sur “les cadeaux aux entreprises”, nos concurrents, eux, accélèrent. L’Europe, elle, recule dans la hiérarchie mondiale des investissements industriels, matérialisant le risque de relégation, si clairement documenté dans le rapport Draghi.

Alors que les prémices des débats budgétaires font une nouvelle fois peser de lourdes menaces sur les entreprises, il ne suffit plus que les industriels soient entendus : il est temps qu’ils soient réellement écoutés. Leurs messages doivent désormais être pris en compte avec clarté et fermeté. L’heure n’est donc plus aux intentions, mais aux décisions.

Eric Trappier

Président de l’UIMM La Fabrique de l’Avenir

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